mardi 19 avril 2011

De l'Amour ... Au Calvaire - Extrait

Leur vie n’est plus qu’une suite de jours sombres et silencieux. Quand Laurenzo revient du travail, il dit à peine bonjour à Barbara et s’installe devant la télévision sans plus ouvrir la bouche. Elle se sent dans un état d’épuisement profond mais voudrait partager l’accablement qu’elle devine en lui. Elle l’aime toujours, elle sait qu’à deux on est plus fort… mais il faut vouloir être deux ! Et lui, refuse toute discussion, repousse hargneusement toute tentative de dialogue ou toute preuve de tendresse.

Dès que Barbara reste debout plus d’une demi-heure, elle se trouve mal, elle est donc obligée de rester couchée toute la journée. Désoeuvrée, elle se repasse inlassablement le film des derniers mois : Qu’a-t-elle fait ? Qu’a-t-elle omis de faire pour en arriver là ? Elle a été trop sûre d’elle, de ses intuitions, de son sens du commerce… elle est allée trop vite, trop loin en montant ce magasin… et elle a entraîné Laurenzo dans ce désastre !… Il doit se dire que sa famille avait raison de le mettre en garde contre elle… C’est certain : ils avaient raison ! Et elle l’a séparé d’eux, elle l’a obligé à ne plus les voir… elle s’est montrée égoïste… Une famille si unie !…

« Laurenzo, il faut que tu recontactes ta famille ! Je crois que ça te fera du bien. »
Et la famille Chieti les reçoit à bras ouverts ! C’est le retour de l’enfant prodigue ! Barbara se laisse emmener chez eux par Laurenzo sans présenter aucune velléité de résistance. Mais, dès le matin de la visite prévue, elle ressent des angoisses, des nausées, comme des crises de tétanie. Elle redoute également les trajets en voiture durant lesquels Laurenzo fait toujours des prouesses au volant malgré ses protestations, slalomant, manquant d’écraser les piétons assez imprudents pour traverser devant lui ; la transformation rapide de son visage l’angoisse mais elle croit comprendre que c’est une façon pour lui de se défouler de tous leurs problèmes.

.......

Barbara se retrouve sans personne autour d’elle, excepté Anne-Sophie, plus présente que jamais, mais qui doit aussi s’occuper d’elle-même et de Lola, sa fille. Elle se réfugie dans la foi qu’elle avait retrouvée au moment de son divorce. Quand elle est trop fatiguée pour lire, quand ses réflexions tournent en rond, elle prie, de longues heures, et cette quête spirituelle lui apporte apaisement et bien-être.
« Merci Anne-Sophie, je ne sais pas ce que je ferais sans toi ! Merci aussi à toi, ma chérie, d’avoir accompagné ta mère !
- Tu sais bien que c’est normal. Tu n’as jamais compté ce que tu faisais pour moi, je fais pareil, et c’est bien naturel…
- J’ai de la chance de t’avoir… Sylvia travaillait aujourd’hui, sinon elle serait venue aussi… Tu sais, elle est comme une sœur pour moi !
Anne-Sophie se redresse d’un bond, manquant de renverser sa tasse de thé.
- Barbara ! Comment peux-tu dire ça !?! Avec tout ce qu’elle t’a fait ?
- Je me suis trompée à son sujet !
- Barbara, tu n’es pas dans ton état normal. Crois-tu normal d’être aussi faible, de t’évanouir sans cesse ? As-tu vu ton médecin ? Que dit-il ?
Barbara se mord les lèvres.
- Je ne l’ai pas revu depuis que je suis sortie de l’hôpital…
- Tu n’es vraiment pas raisonnable ! Faut-il que je te prenne un rendez-vous moi-même ? Appelle tout de suite, s’il-te-plaît ! »

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